PLU 2015 : où sont les solutions pour la vie quotidienne des Montrougiens ? – Conseil municipal du 5 novembre 2015

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Intervention de Joaquim TIMOTEO

Conseil municipal du 5 novembre 2015
PLU 2015 : où sont les solutions pour la vie quotidienne des Montrougiens ?

Nous voici arrivés au terme de la séquence de de production du nouveau Plan local d’urbanisme (PLU) de notre ville après son annulation par le juge administratif.

Le moment de débat que nous avons ce soir est donc important.

Nous avons déjà eu à débattre des orientations générales qui y sont inscrites lors de la discussion sur le Projet d’aménagement et développement durables (PADD). Les réserves que j’avais formulées lors de ce 1er débat ne sont pas levées par les documents complets qui nous sont soumis ce soir même si je peux reconnaître une meilleure qualité (au moins dans la forme) à certains d’entre eux notamment le rapport de présentation.

Une fois la lecture achevée de ce PLU, on ne comprend pas comment nous allons répondre aux besoins des Montrougiens pour les 10 prochaines années. En termes d’habitat, la disparition d’une volonté de maintenir un habitat diversifié de qualité continue de me poser problème comme je l’avais déjà évoqué lors du vote sur le PADD.

Bien sûr Montrouge est une ville de petite taille qui s’est fortement densifier ces dernières années. En 13 ans ce sont près de 11 000 nouveaux habitants qui sont arrivés dans notre ville.

Mais la rareté des opportunités foncières qui en résulte aujourd’hui ne doit pas être l’alibi d’un manque de volontarisme politique et d’une ambition à la baisse pour notre ville.

Ce qu’attendent les Montrougiens c’est que la qualité de leur cadre de vie soit améliorée, que la variété de l’offre de logements leur permette un parcours résidentiel effectif. Cela passe par des logements accessibles et de taille adaptée. Une condition pour y parvenir – mais elle n’est pas exclusive – c’est de satisfaire aux 25% de logements sociaux imposés par la loi. Or je ne vois rien dans ce PLU qui favorise cela, que cela soit dans la réservation d’espaces ou encore dans le choix d’un habitat social diffus.

Ce qu’attendent les Montrougiens, ce sont des équipements publics adaptés à leurs besoins. Sur ce point, vous ne faites qu’une seule proposition : celle d’un espace réservé pour une école qui resterait à construire dans un délai inconnu… Quand on voit le temps que vous avez mis à construire l’école de la zone d’aménagement concerté (ZAC) du Nord, soit près de 15 ans, on ne peut qu’être inquiet.

Or les besoins existent dès aujourd’hui, et je ne comprends pas les projections de population qui sont données à l’horizon 2025 pour justifier vos choix. Il n’est pas utile d’être grand démographe pour voir que la population actuelle atteint déjà le niveau de la population estimée. La population de référence prise en compte pour l’état de la situation montrougienne est celle de 2011 or si on regarde juste l’évolution du solde naturel (la différence entre les naissances et les décès à Montrouge) pour les années qui ont suivi, on constate tout simplement que le population montrougienne devrait s’établir aujourd’hui à près de 49 867 habitants selon les données livrées par l’institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), soit le niveau de population que vous attendez pour 2025 soit 49 900 habitants.

Mais je veux revenir maintenant sur quelques points emblématiques de ce nouveau PLU.

Tout d’abord, sur le zonage unique. Je ne comprends toujours pas pourquoi ce choix a été fait dans la mesure où il nous interdit de donner des orientations particulières à nos quartiers.

Vu la densité de Montrouge (5ème ville la plus dense de France) et son degré d’urbanisation, la ville aujourd’hui se construit sur elle-même, elle se transforme sur elle-même. Si on veut contrôler ce changement, il faut pouvoir définir des zones au sein desquelles les fonctions urbaines sont maintenues. Le futur de nos villes – et Montrouge n’y déroge pas – se construira en favorisant le développement de plusieurs centres sur leur territoire capables d’assurer la co-existence de ces fonctions. Je ne vois pas dans ce PLU ce qui pourrait favoriser cette évolution mais seulement toujours plus pour un seul axe, celui de l’avenue de la République.

Sur l’interdiction de changement de destination, là aussi, on s’interdit une évolution nécessaire. Qu’il faille préserver un tissu commercial et artisanal, j’y souscris. Mais qu’on s’interdise une évolution de nos quartiers, je ne peux l’admettre. En empêchant la transformation de locaux de bureaux/commerces en habitations ou inversement, on ne permet pas l’évolution nécessaire des quartiers notamment en faveur du logement. Evidemment il convient de contrôler cette évolution en fixant des règles.

Sur la question des hauteurs, vous faites le choix identique à celui qui prévalait dans le précédent PLU à savoir celui de ne pas en fixer mais de prendre pour référence l’environnement proche. Ce choix de l’alignement en hauteur continuera de produire les effets qu’il produit déjà : une uniformisation de la ville qui donne peu de respiration au regard, quand elle ne rend pas quelquefois nos rues étouffantes tant l’enfermement produit est fort.

Mais vous dérogez à ce point à deux endroits dans la ville : d’une part, dans le quartier de la gare Châtillon-Montrouge, d’autre part à l’extrémité Nord-Est de la ville près de la rue de Gentilly. Si on comprend ce qui motive le 1er lieu lié à la construction de la nouvelle gare de la ligne 15 du Grand Paris Express, nous n’avons aucune indication sur les motivations du 2ème lieu au nord-est étant donné que les bâtiments sur cette limite de la ville sont déjà assez élevés. A moins que votre projet soit celui de construire un bâtiment de très grande hauteur (une tour d’immeuble, donc) à défaut d’avoir pu le faire sur l’ancien site de Schlumberger.

Sur les Orientations d’Aménagement et de Programmation (OAP) qui sont une nouveauté du code de l’urbanisme. Elles sont au nombre de 3 et ne sont pas toutes de même nature. C’est sans doute une façon de créer un sous-zonage (qui ne peut pas être une ZAC) sur lequel la ville peut garder un peu le contrôle mais avec moins d’efficacité qu’un zonage clairement réglementé. La véritable OAP sur laquelle nous aurons totalement la main est celle du secteur Marne-Brossolette pour ce qui concerne le développement urbain car sur le volet Déplacements le périmètre est entouré de voies départementales sur lesquelles nous n’avons pas prises.

Cette réserve est également vraie pour l’OAP de l’avenue Aristide Briand. Tous les aménagements de voierie qui sont identifiés sont d’une certaine manière déjà entérinés par le projet d’aménagement de la RD920, porté par le Département, qui monte progressivement vers Paris. Sur ce secteur d’ailleurs, je ne souscris pas à votre choix d’interdire la production de logements le long de cette artère au motif de la nuisance occasionnée aujourd’hui par le trafic routier. C’est justement parce que vous limitez votre choix à la situation actuelle que l’orientation prise n’est pas la bonne. Cette voie départementale sera demain une voie transformée, pacifiée du point de vue du trafic quand l’aménagement prévu sera terminée d’ici quelques années. C’est dans ce contexte à venir qu’il faut se projeter et permettre donc la mixité des constructions tout au long de cet axe.

Vous le voyez, les réserves que nous faisions déjà lors du précédent PLU tiennent toujours et les seules adaptations du texte à la réglementation en vigueur ne suffisent à donner un nouveau souffle à vos propositions. Aucun soutien ne peut être donné à votre projet.

Nous voterons contre.

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