L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a calculé l’effet des mesures socio-fiscales prises entre 2018 et 2020 : le niveau de vie des 5 % des Français les plus pauvres va baisser de 240 €/an alors que celui des 5 % les plus riches va augmenter de 2905 € !
Cela explique l’ampleur inédite du mouvement social actuel. Une large majorité de Français est hostile à la réforme des retraites : des militaires aux avocats, des infirmières aux enseignants, des salariés du public à ceux du privé.
Cette réforme n’est ni lisible, ni universelle : selon que l’on soit né avant ou après 1975, 1985 ou 2022, les retraités dépendraient de systèmes différents et partiraient avec des pensions différentes. Les régimes spécifiques se substituent aux régimes spéciaux sans logique et sans justice.
Cette réforme est injuste : Elle fixe les pensions minimales sous le seuil de pauvreté.
Elle recule l’âge de départ à la retraite sans tenir compte de la pénibilité.
Les carrières hachées seront sanctionnées deux fois, d’abord par la réforme de l’assurance chômage qui a durci les conditions d’indemnisation et ensuite à la retraite.
Une réforme juste, c’est une réforme qui vient compenser l’insupportable différence de 13 ans d’espérance de vie entre les plus riches et les plus pauvres, qui commence par l’égalité dans les carrières et les salaires, qui sanctionne les entreprises qui discriminent les femmes, qui ne dit pas à une femme victime de violences conjugales qu’elle peut divorcer si elle renonce à sa future pension de réversion.
Olivier Faure explique pourquoi : « Le débat sur les retraites condense les enjeux fondateurs de notre identité : la fraternité, qui fait de la solidarité le principe qui relie les femmes et les hommes, qui relie les générations, le droit à une vie belle, à une vie digne, qui passe par un revenu décent à tous les âges de la vie. »
Jamais aucun gouvernement n’a semblé aussi sourd au mouvement social.
Comment un pouvoir peut-il s’affranchir des partenaires sociaux, du mouvement social, de l’avis du Conseil d’État, bafouer le Parlement ?
La retraite est un enjeu de société, voilà pourquoi treize organisations politiques de gauche et écologiques ont travaillé à une plateforme commune avec de nouvelles orientations qui assurent le droit au temps libre en répondant aux enjeux de la transition écologique, de l’emploi et de la réduction des inégalités.
Catherine Picard- Tribune Elus socialistes – HDS Mag n°71 – mars-avril 2020